octobre une heure du mat - tabourets et lumière
octobre
une heure du mat -
tabourets et lumière crue
pour discuter
sur le brancard
le vieux gros homme
pleure sa maman
nus pieds
au bloc des urgences
elle réclame une cigarette
ma fille
entre les deux pompiers
si petite
Urgences -
le médecin chef
appelé seigneur
urgences pédiatriques -
le gars de la sécurité
m'ouvre toutes les portes
urgences -
la césure
pas dans le haïku
le psychiatre en chef
un léger accent arabe
*
elle des médocs
et des sms
moi des MM's
sur un banc
endormi
la pluie me réveille
soirée football -
le feu de bois
sans spectateurs
premiers froids-
de ma mère reste
le regard bleu
près d'elle
le temps s'étire -
les objets parlent à sa place
corps chétif
son âme ne peut plus
le reconnaître
aujourd'hui
la main
c'est elle qui me la donne
la main de ma soeur
sur le visage de ma mère
me rassure
un court instant
la psychologue a regardé
mes chaussettes
cuisine sombre -
tous à pleurer
à cause de l'oignon
*
les livres sont chers
" un jour de début d'automne * "
déjà achevé
* de Soseki
*
penchée sur moi -
sa main posée sur l"ouverture
de son corsage
*
premières pages noircies -
le reste du carnet
est une amérique
*
feu fumant -
la voisine
désuspend son linge
entre pisser à l'étage
ou dans le jardin
l'ami me donne le choix
dans l’herbe
est-il possible à mon âge
que je m’endorme
Tandis que Silouane, mon dernier né - il a tout de même 8 ans - participe à un club nature, je profite de la grande douceur de cet après midi d’automne pour aller divaguer en pleine garrigue. N’ayant pas le profil d’un aventurier, le seul défi que je m’impose est de rejoindre
le Lirou afin d’écrire sur sa rive ombragée quelques haikus. Le Lirou est un court affluent du Lez. Il prend sa source à quelques kilomètres seulement de sa fin. Juste le temps de s’élargir un peu et de faire courir son eau claire à travers les roches calcaires et les paysages austères
du matoral. L’accès n’est pas des plus faciles. Mais je jouis de me voir encore à cinquante ans écraser les ronces et enjamber les grosses racines sans tomber. J’arrive enfin dans le lit desséché de la rivière. Contrairement à ce que j’avais entendu, ne s’y trouve aucun reste d’eau, pas la moindre flaque. C’est tout juste si le sable sur lequel je déambule est humide.
Sous mes semelles autant de galets que de feuilles mortes. Sur ce chemin pierreux, plus large
qu’un autre, je ne rencontrerai personne. Plus j’avance, plus la rivière s’enfonce. Les rives sont hautes et la végétation épineuse. J’aimerais poursuivre mon escapade mais la perspective de copier quelques tercets pour un enfant qui m’en a fait la demande m’invite
à rebrousser chemin en quête d’une vieille table de pique nique. Les impressions ne tarderont
pas d’apparaître. Je jetterai sur mon carnet huit images arides...
rivière à sec –
à mes oreilles, l’eau seule
du vent
un lit de pierres –
je marche sur le souvenir
du printemps
plus une flaque
dans le Lirou
demeurent les chants d’oiseaux
sur un bois sec
ailes grandes ouvertes
un papillon mort
dans le lit sec
de la rivière, je marche seul
comme dans un rêve
l’éclat blanc
d’une racine de platane –
gris sale des pierres
octobre sec –
la soif muette
des micocouliers
un rapace
jeté du ciel –
sur quelle proie ?
jambes en l'air
dans le couloir
la poupée
en rêve
criée
toute ma colère
doux octobre -
dans sa voix
quelque chose de tranquille
déjà loin Martigues
ses derniers pêcheurs
le long du canal
papillon d'automne -
la ronde des écoliers
le salue
enfance lointaine -
pour apaiser ses douleurs
des patchs de pavot
urgences -
à plat ventre il joue
avec la poussière
Pas de compte rendu du festival, ni en haibun, ni en tankbun, pas même en prose ou en kanthoum...mais quelques instants magiques offerts ici en désordre...
mais quoi !
le consul du japon
ne connait il aucun haiku ?
sur les chaussures du consul
le monde entier se reflète
kimonos bleus
l'orchestre de bambous
joue l'alouette
plaza comtale
en la ventana
seca un trapo blanco
miroir aux oiseaux
la fille et son chat
s'ensoleillent
prennent-elles encore la mer
les barques
de l'île aux oiseaux
elle joue à genoux
au jeu des éventails
sans en comprendre les règles
en offrande
au père du haïku
des concombres
sur la table
les noyaux d'olive
impatients
e bout des doigts bleu
comme le ciel
de l'île aux oiseaux
*
au pont suspendu
je préfère la passerelle
de la presqu'île
*
leur crainte
avec l'aïoli
c'est la conférence
*
aujourd'hui
la ville porte ton nom
Martigues Gonfalone
*
les eaux de Marthe -
deux enfants pêchent leurs sourires
dans le canal
*
ah, l'île aux oiseaux
l'île aux oiseaux ah !
ah, l'île aux oiseaux
*
le miroir aux piafs -
tellement c'est chouette
cela semble faux
*
dans le fourgon
de nuit
Salvador nous berce
pipistrelle -
tenter de la rendre
à la nuit
*
seuls les imbéciles
ne peuvent imaginer
la vie des autres
*
le printemps des poètes
en mal d'argent -
tout va bien !
*
tout le jour
en pyjama d'ailes
la chauve souris
*
plus pour longtemps
le silence -
le panneau rouge d'un promoteur
*
la pleine lune
quand je la vois
je suis heureux
*
croire que dormir
peut sauver -
grâce matinée
*
trop sucré
le dernier melon
de l'été
*
jusqu'au bas du toit
monte le tas de bois -
c'est ainsi !
ma mère au loin
si frêle
la lune d'automne