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La lune et le cyprès
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16 janvier 2011

une conférence

Une conférence

 

 

Jean Vanier, fondateur de l’Arche du même nom, donne une conférence dans l’église de Montfavet, non loin du plus grand hôpital psychiatrique de France. Plusieurs communautés sont ici rassemblés. Comme dans l’évangile, les éclopés, les impotents, les trisomiques et tous les abîmés de la vie occupent les premiers rangs. Le vieil homme à la longue silhouette ne cesse de ressasser depuis 30 ans le même discours.

Un discours toujours improvisé, et dont la qualité première est qu’il ne vient pas de la tête mais du cœur. Je note ça et là quelques remuantes évidences qui ont l’allure de douces révoltes : «  …notre monde où règne la tyrannie de la normalité…

Il faut briser l’abîme entre les pauvres et les riches… » et aussi des invitations à l’empathie :

Les blessures de l’autre, si je les accueille, ouvrent mes propres blessures. Les reconnaissant je peux les guérir… ouvrez vos cœurs, élargissez vos esprits…sortez de vos peurs identitaires, pour donner la main à ceux qui sont meurtris… »

N’oublions pas au passage ses quelques savoureux traits d’humour : «  à partir d’un certain âge, on reçoit régulièrement des bulletins d’informations du genre : les symptômes de la maladie d’Alzheimer. Je crois que je les ai tous. Ou encore : vous savez je suis plutôt sourd, regardez tous mes appareillages (et il sort ses prothèses de tympans devant plus de mille personnes.)

 

Jean Vanier est à l’image d’un abbé Pierre, d’un Mandela, d’un Pierre Rabhi, quelqu’un de précieux parce que toute sa vie se donne à une cause juste et cela on l’imagine, en toute discrétion.

 

L’église est pleine à craquer. Rien à voir avec ces assemblées figées, bercées par des cantiques sirupeux…Là on prie vraiment, on ne singe pas la compassion, on touche, par la voix de ce prophète moderne, à quelque chose de profond, à ce mal mystérieux des hommes, souffrance mentale ou physique, que la parole, la patience, l’engagement et le partage, peuvent parfois apaiser.

 

Eglise comble –

au premier rang

tous les fauteuils roulants

 

*

 

 

j’ôte le manteau –

l’église chauffée

aux tendresses humaines

 

*

 

après l’atelier -

entre ses doigts tordues

une poupée de fils

 

*

 

souriant –

allongé dans l’allée centrale

de l’église

 

*

 

tant de monde assis

pour l’entendre dire

des évidences

 

*

 

ses sourires

effacent

ses balafres

 

*

 

 

enfin une église

qui ressemble à

une maison de Dieu

 

*

 

il m’enlace

comme s’il ne m’avait pas vu

de dix ans

 

 

Phil

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Commentaires
P
merci Martine<br /> <br /> Je dois faire un tour en librairie cet après midi...sans doute me le procurerai je...<br /> <br /> Phil
M
Au sujet de la tyrannie de la normalité ,je te recommande la lecture de :la ballade de Lila K<br /> de Blandine Le Callet :un roman d'anticipation proche qui montre une société où l'obsession de la normalité ,de la sécurité et du principe de précaution font la loi,avec en plus une belle histoire sensible.
M
j'ai toujours été plus proche des mystiques que des dogmatiques et théologiens de tout poil. La vraie foi quelle que soit l'église a la clarté de l'eau fraîche, même si elle nous renvoie à nos manques et incapacités à vivre et appliquer les plus simples messages. Bonne rentrée Phil
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